Colorisme = Négrophobie= Racisme
Février 2022, par pulandevii
Je n'aime pas les maths, mais cette équation je l'ai comprise.
Je vous accueille pour le sujet du mois de février, le colorisme a.k.a la négrophobie a.k.a le racisme.
Ça tombe bien vu qu'aux Etats Unis, on célébre le “Black History Month”.
Un mois de consécration à l'histoire des peuples noirs, afin de mettre en lumière leurs luttes et célébrer toutes les personnes issues de ces communautés. Un mois de reconnaissance pour toutes les personnes noires qui créent sans relâche.
Même si la reconnaissance et la gratitude, c'est tous les jours hein ?
Vous vous demandez peut être : mais quel est le lien entre les communautés noires et sud asiatiques ?
C'est ce que je vais vous exposer tout ce mois.
Pour traiter ces sujets, j'ai décidé d'axer mon analyse sur
les rapports existants entre le continent africain et l’industrie cinématographique sud asiatique
avec un focus sur les enjeux de représentativité et comment les standards de beauté ont su s'imposer à travers les médias.
et en quoi les sud asiatiques,mais pas que, perpétuent du racisme via ce colorisme envers les personnes noires.
Colorisme et négrophobie, une définition par Annecath
Mon pourquoi du comment
Célébration du Black History Month à travers la création, des recommandations de personnes à suivre
Artsy Healing, spécial Black History Month
WELCOME TO SHORT AND SAVAGE (enfin pas si short)
Le lien direct entre le colorisme et la négrophobie n'a pas l'air évident pour la plupart des gens, et je me demande si c'est si déconnecté que ça ou si c'est juste une forme de racisme -non-assumé.
Ça c'était pour la petite provoc’.
En tout cas on est au moins deux, à trouver que les sud asiatiques -et pas que- ont mieux fait de se réveiller sur leurs problématiques, j'ai demandé à Anne Cath, son avis et sa définition du colorisme et donc de la négrophobie.
Le colorisme découle directement des différents systèmes racistes, il n’a pas toujours la même origine - selon les continents -, mais a toujours le même but, discriminer les peaux perçues comme “foncées”.
La colonisation en se mélangeant avec des systèmes de colorismes pré-existant, est venue amplifier, renforcer et généraliser -mondialement- les pratiques coloristes.
Le colorisme est un système de nivelation des “quantités de mélanines”, qui donne des places sociales hiérarchisées de manière intra - et extra- communautaire, plus “foncé” = plus sauvage, mal éduqué, agressif, pas bon à marier, moche…
Dans le cas des sud asiatiques, il est trop facile de reposer toute la faute sur le colon, puisque nous sommes historiquement coloristes. Le colorisme est présent jusqu’à dans la mythologie. Ex : La symbolique de la fête de deepavali avec le personnage/divinité Ravana qui est dark skin*
dark skin : peau foncée
Tous ça cache un problème bien plus profond, qui est celui de l'antiblackness** généralisé dans les communautés non blanches -non noires- . Si déjà nous sudA/brown nous sommes tellement coloristes dans notre dimension intra-communautaire, qu’est ce que ça nous dit sur notre négrophobie ?
antiblackness : négrophobie
Quel est notre vision et comment traitons nous les personnes noires ?
La négrophobie est la mère de tous les racismes, du fait même des passés impérialistes, coloniaux et esclavagistes.
Nous sommes, comme pour le colorisme historiquement négrophobe, on pourrait aussi faire référence au traitement des peuples noirs dans le sud de l’asie. Nous sommes tous négrophobes, nos communautés sont négrophobes. D’ou l’ importance d’assumer nos héritages historiques et de ne pas fermer les yeux sur ces problèmes, parce que 3000 ans de racisme, castéisme, colorisme, négrophobie, ne se changent pas du jour au lendemain et sans prendre conscience de la place que nous occupons dans ces hiérarchies raciales.
Merci Annecath.
Mon pourquoi du comment ?
Ces sujets m'intriguent depuis au moins deux décennies, ils se manifestaient à divers moments de ma vie et c'est drôle comment le cerveau stocke ces informations dans un coin. Comme s'il savait qu'un jour j'allais créer une newsletter dans laquelle j'allais enfin tout articuler.
C’est au lycée, via une amie d'origine mauritanienne que je découvre que je (les sud asiatiques) ne suis pas la seule à regarder des films indiens et qu’il y a tout un continent qui en consomme et ce de manière sincère et non pas dans l’optique de se moquer.
Cette amie m’en parle au détour d’une conversation et n’est plus jamais revenue sur le sujet. Elle me dit que chez elle, à la maison tout le monde est fan de Vaidehi.
Ce nom me parait familier mais je ne sais pas du tout de quoi elle parle. C’est via mon amie que je découvre que Vaidehi est le prénom d'un personnage féminin de la série éponyme.
En parallèle, mes amies d’origines nord africaines me font également découvrir un film bollywood, Kabhi Khushi Kabhie Gham, K3G pour les intimes, que j’ai pu adorer et détester par la suite. Il fait partie des références cultes aujourd’hui. Je ne connaissais pas vraiment les films Bollywood, mais plutôt Kollywood.
Ayant revu K3G cet été, j'ai serré les dents lors de certaines scènes. K3G est ce que je qualifierais d'une expérience cinématographique bollywood. Qu'on aime ou pas, ce film rassemble les codes du cinéma indien, des années 2000, autour des valeurs, toxiques parfois, de la famille, la loyauté, un amour impossible, et me semble être une bonne base parmi d'autres, si l'on veut vraiment comprendre l'évolution du cinéma indien.
Bon 15 ans après c'est toujours un plaisir de pouvoir rejouer les répliques et fredonner les chansons.


Kabhi Khushi Kabhie Gham, K3G
15 ans après, j’ai cette scène qui se rejoue dans ma tête, la fois où mon amie d'origine mauritanienne me raconte que sa famille est fan de Vaidehi.
En 2019, dans une vie pré COVID, je me retrouve chez l’amie d’une collègue au Niger, elle nous installe dans son salon, devant la télé.
Ne m'y attendant pas du tout, je mets un peu de temps à décrypter ce que je suis en train de voir. Elle regardait une série indienne, une série en hindi. Un sentiment agréable m'entoure, je pense à ma famille immédiatement. Ma collègue me dit que les nigérien.nes adorent ces séries et films bollywood
Et en même temps, cette femme, mon amie mauritanienne ou mes amies maghrébines, mettaient de la distance entre ces personnages qu’elles voyaient dans les contenus bollywood et moi. Pour elles, il n’y avait pas de lien entre ce qu’elles voyaient à la télé et moi dans ma chair. Je n’étais pas incluse dans leur perception de ce qu’une femme indienne pouvait, aussi être.
A cause de quoi à votre avis ?
Ma couleur de peau n’est pas celle que l’on voit, chez les personnages principaux des films indiens, tous confondus.
J’ai déjà entendu de la part de mes camarades de classe , des propos du type :
"Elles sont belles les femmes dans ton pays, dans les films."
"Ça se voit que tu n’es pas du nord de l’inde."
"Tu es vachement noire pour une indienne."
Quand ces médias arrivent à forger l’imaginaire collectif et donc celui de vos amies, je tire mon chapeau et c’est dans notre droit de lui demander d’être inclusif, diversifié et représentatif.
Si l’on suit la logique capitaliste qui est de consommer ce qui est promu dans les publicités, les films etc, il faudrait que l’on puisse le faire de manière complètement satisfaite. De pouvoir donner notre argent pour un contenu dans lequel on se retrouve aussi, avec des représentations dignes et non des projections coloniales. Sinon, à quoi ça sert ?
Colorisme = Négrophobie= Racisme
Ah oui, dans la suite de cet article on va aussi parler de Beyonce.
Célébration du Black History Month à travers la création
Littérature jeunesse
Laura Nsafou est une écrivaine noire et blogueuse afroféministe. Elle s'intéresse au manque de représentativité de la société dans la littérature française. Elle contribue à enrichir le paysage littéraire français en traitant les questions de diversité et inclusion. Dans son ouvrage “ Les chemins de Jada” , le colorisme est le sujet phare, une belle manière de sensibiliser nos enfants à ces injustices dès le plus jeune âge.
Podcast & Médias
Tsippora est une femme noire féministe et la créatrice de plusieurs médias, notamment le podcast Tant que je serai noire. Ce podcast dédié au désir et au non désir de maternité des femmes noires, mais pas que. Elle donne la parole à différents profils de femme, celles qui en veulent, celles qui n'en veulent pas, celles qui ne savent pas. Tsippora est une childfree, elle ne veut pas d'enfant et grâce à son podcast, elle contribue à la libération de la parole autour du désir et surtout du non désir de maternité. Ecoutez son témoignage ici pour la découvrir.
Tourisme & Culture
Derrière The Frenchie Black Girl, il y a Jennifer, femme noire, parisienne. Elle est passionnée de culture et lifestyle. Son compte instagram et son blog sont des pépites pleines de bons plans touristiques dans Paris et autour. Elle nous sélectionne des spots culturels à visiter. D'ailleurs, elle a fait une liste dans le cadre du Black History Month c'est par ici.
Musique & Poésie
Pierre et la rose, auteur-interprète noir, que j'ai découvert en 2021, via Safya Fierce, doté d'une plume et d'une voix magique et si douce. Ses mots sont envoûtants et je vous invite à aller à écouter vivement.
Pop culture & journalisme
Jennifer Padjemi, est une femme noire, journaliste, podcasteuse et autrice. Elle a été la personne qui m'a fait adorer les podcasts via les siens, notamment Miroir Miroir. Elle a contribué à mon processus de créativité de Ni Ton Hindou Nஇ Ton PakPak. Jennifer a récemment sorti un livre intitulé “Féminisme et Popculture”, qui retrace les moments phares des féminismes et leurs transpositions sur le paysage médiatique, notamment à travers les séries télévisées.
Littérature & Ecriture
Houmou est une femme noire passionée de lecture, elle tient un blog et aussi un podcast intitulé “Paroles de femmes by Houmou”. Elle a récemment crée et revisité sa version du jeu des 7 familles, en mettant en lumière la vraie diversité de la société canadienne.